Rive droite : les tours bleues

Victor Blanchard
Ville de Brest
janvier 2025

« La forme d’une ville change plus vite, hélas, que le coeur d’un mortel »

Cité par un élu lors d'un discours, ce ver m'avait rendu méfiant : sous couvert de poésie, qu'essaie-t-on de nous imposer ? Quels changements de vies accompagnent la ville qui change ?

« Depuis leur démarrage au printemps 2023, les travaux de réhabilitation des 400 logements de Quéliverzan, portés par Brest Métropole Habitat, se poursuivent jusqu’à la fin d’année 2024. Le changement de couleurs de ces tours emblématiques du quartier donne un nouveau visage à Quéliverzan. »
Lettre d’information du projet urbain, NPNRU, mai 2024

Au-delà des tours bleues devenues grises, on voit ce qu'il y a : la ville reconstruite, la rivière militaire, le quartier dit prioritaire, sinon populaire.

Mais quand on y habite, on voit des détails que personne ne voit, on voit aussi ce qu'il n'y a pas. On vit la forme d'une ville qui change.

  Merci à toutes les personnes rencontrées,
et tout particulièrement à Lucien Pellion, Vanessa Boukhris, Célia Boece, Mohamed Said , Joëlle Le Bolzer,
Philippe, Eugénie et Éliane, Vert le Jardin et Céline Le Bihan.



“ moi les travaux je suis à fond ”



“ l’hiver je connaissais pas du tout ”



“ soit t’acceptes soit on va t’expulser ”


“ entre voisins on peut pas être indifférents ”



“ je cuisine pas trop alors les légumes c’est pour les autres ”



“ on s’en souviendra de nos brouettes communes ”



Enregistrements réalisés entre oct 2023 et nov 2024



“La guerre pilonna les deux parties de la ville et jeta le pont dans la Penfeld. La cruauté des temps offrit alors une extraordinaire occasion de rééquilibrer l’agglomération brestoise en réhabilitant et régénérant non seulement Recouvrance - d’ailleurs élargie par l'élimination des remparts - mais, de manière générale, toute la rive droite. Il convenait d’y mettre au moins quelque chose : un siège d’administration ou d'institution, un centre de décision ou de réflexion, un couloir, un bureau, un fauteuil, un guichet... On n’y mit rien. On ne songea même pas à le faire, tant Brest même s’était habitué à tenir, en tutelle, en laisse, son quartier indigène.”

Yves Le Gallo - Recouvrance, Les Amis de Recouvrance, 1988


“Vivre à Recouvrance ne prédisposait pas, avant-guerre, au repli sur soi. Non contents de vivre à six ou huit dans un deux ou trois pièces, nous poussions le sens du partage au-delà de nos propres murs. Nos maisons, où pouvaient habiter une douzaine de familles, avaient gardé une atmosphère communautaire, et les allers et retours d’un étage à l’autre étaient monnaie courante, pour un échange continuel de petit services : solidarité dans les papiers administratifs, lecture à voix haute du journal, petits travaux de robinet... Il était bien rare, d’ailleurs, que les portes soient fermées à clé. Se tenir à l’écart, derrière une porte barricadée, était, comme à la campagne, assez peu apprécié. Le refus de “se mélanger” étant assimilé à un trait de caractère qui n’avait pas sa place à Recouvrance : la méfiance.”
Claudine Legardinier - Recouvrance, Les Amis de Recouvrance, 1988


Avec le soutien du dispositif ELAN (Ville de Brest et CAF du Finistère),
et du Contrat de Ville (Développement Social Urbain, ANRU).
Merci à l’équipe de la Mairie de Quartier des 4 Moulins.

Musique originale de Monolithe Noir.
Photos de Simon Magadur, Victor Blanchard, et des Archives Municipales de Brest.
Avec l’aide de Mathilde Simon, Nathalie Bihan, et Mélanie Arribas.
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